lundi 3 mai 2010

15 - Double malheur.


C'est une chose très désagréable de devoir perdre son temps et son énergie dans un travail détestable, qui nous force à nous avilir, à nous aliéner, voire à nous renier parfois. Chose infiniment plus regrettable encore : quand nous prodiguons ainsi nos forces à la nécessité de la subsistance, c'est alors que nous ressentons généralement, quand nous sommes en dehors de nos obligations, le plus puissant besoin d'un narcotique quelconque - le besoin d'oublier, de penser à autre chose ; c'est ainsi que notre esprit se trouve doublement anesthésié, et que l'on finit parfois par se rendre compte, au bout d'un laps de temps variable, que l'on a strictement rien fait qui vaille. Il faut posséder une force prodigieuse pour pouvoir préserver l'énergie de rester intelligent, actif et créatif dans l'épuisement de la nécessité même. En ce sens, l'on a pas toujours tort d'affirmer qu'un malheur ne vient jamais seul.


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