jeudi 29 avril 2010

2 - Du côté de chez Bel-Ami


Quand je lis Bel-Ami, je ne peux m'empêcher d'y voir une variation superficielle sur le thème du Rouge et le Noir. Là réside probablement la clé de la popularité de Maupassant : n'avoir pas poussé la clairvoyance jusqu'à en devenir inaccessible au plus grand nombre. Car que découvre-t-on, finalement, dans Bel-Ami ? que la presse est un monde corrompu au service des intérêts des politiques et des riches ; que les hommes puissants sont influencés par leur femme ; leur femme par leur vagin ; et que donc, qui veut faire fortune le pourra s'il est assez séduisant pour faire succomber les femmes et assez calculateur pour en jouer. Tout juste de quoi procurer au lecteur la jubilation - le sentiment de puissance - que procure l'illusion d'accéder à un regard lucide, critique et acerbe sur le monde, quand, en réalité, on ne sort jamais des sentiers nous ramenant aux lieux les plus communs, sinon aux préjugés les plus vulgaires. Mais il est vrai que Stendhal avait la conscience, la volonté et l'honnêteté de n'écrire que pour quelques "happy few" - ce qui ne l'a pas empêché de trouver son public.

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